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La Nouvelle-Calédonie possède une flore particulièrement riche : elle compte plus de 3 300 espèces végétales indigènes et parmi elles environ 2 500 espèces endémiques.
Cela signifie que 75 % des espèces végétales de Nouvelle-Calédonie ne se retrouvent nulle-part ailleurs dans le monde.
A titre de comparaison, la France métropolitaine compte seulement 145 espèces végétales endémiques. La flore endémique de Nouvelle-Calédonie est en fait quasiment équivalente en nombre à celle de l’Europe entière, alors que sa superficie est plus de 300 fois inférieure !
Plante indigène
C’est une plante naturellement présente en un lieu. Elle y est arrivée avec ses propres moyens (vent, cyclone, oiseaux, etc.) sans avoir été amenée par l’Homme. Elle peut exister dans plusieurs régions.
Plante endémique
C’est une plante native d’une région déterminée et que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Pourquoi la flore est-elle si originale en Nouvelle-Calédonie ?
L’histoire de la flore en Nouvelle-Calédonie est complexe, et résulte de l’interaction de nombreux paramètres. Mais une partie de la réponse peut être trouvée du côté de l’histoire géologique de l’île.
La Grande Terre, qui a dans un premier temps dérivé du fait du mouvement des plaques tectoniques, a subi une phase d’immersion totale. En fait, elle s’est enfoncée jusqu’à 70 km en profondeur et est passée sous la plaque Pacifique : c’est le phénomène de subduction. Il y a environ 37 millions d’années, la Grande Terre a ensuite émergé, elle est remontée à la surface.
Ainsi, un tiers du territoire est couvert par des roches issues du manteau terrestre, les roches ultramafiques. Celles-ci sont riches en métaux, en nickel notamment, ce qui explique également le fort développement de l’activité minière pour l’extraction de ces matériaux en Nouvelle-Calédonie !
Au moment de la subduction, la flore a donc totalement disparu, puis elle s’est ré-installée, à partir d'espèces qui se sont dispersées à longue distance.
Son originalité vient notamment du fait que ces espèces sont physiologiquement adaptées aux contraintes de ces sols riches en métaux et pauvres en nutriments.
Pour leur part, les îles Loyauté n’ont pas vécu la même histoire géologique : elles ont émergé plus récemment et proviennent de la remontée d’un plateau corallien, formé en faible profondeur.
Qu’en est-il dans les autres territoires ?
Quand on la compare aux autres régions insulaires du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie se place au troisième rang du point de vue du taux d’endémisme végétal : Hawaï atteint les 89 % et la Nouvelle-Zélande 82 %.
Le chiffre de 75 % d’espèces végétales endémiques en Nouvelle-Calédonie reste un record même en comparaison des autres territoires d’outre-mer français.
La Polynésie française présente tout de même un pourcentage d’espèces végétales endémiques important, atteignant les 63 %.
Mais la flore polynésienne reste relativement pauvre en comparaison à la Nouvelle-Calédonie : un peu moins de 1 000 espèces indigènes contre presque 3 300 sur le Caillou. La Polynésie est un archipel volcanique, qui n’a donc jamais été rattaché à une autre terre, et elle est particulièrement morcelée (118 îles et atolls !) : peu d’espèces végétales ont pu coloniser ces terres mais l’isolement a favorisé les phénomènes de spéciation, et donc l’apparition de nouvelles espèces - endémiques !
La proportion d’espèces endémiques est également remarquable à La Réunion (28 %). L’île est relativement isolée de toute autre terre en comparaison aux autres territoires d’outre-mer telles que les îles des Caraïbes.
Notre patrimoine naturel est hors-norme… Protégeons-le !
D’où sont issues les informations diffusées dans cette thématique ?
Chiffre clé
Pour la Nouvelle-calédonie : Morat P., Jaffré T., Tronchet F., Munzinger J., Pillon Y., Veillon J.-M. & Chalopin M. 2012. The taxonomic database « FLORICAL » and characteristics of the indigenous flora of New Caledonia. Adansonia sér. 3 34(2): 177-219.
Pour l’Outre-mer : les données relatives à l’endémisme sont issues de l'Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) ainsi que d’une évaluation réalisée par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et par le comité français de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette dernière a pu être effectuée sur la base des connaissances scientifiques existantes (inventaires, publications, thèses). Ces résultats sont publiés de manière synthétique sur le site du Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, Rubrique « Indicateurs et indices », Thème « Environnement ».
Autres sources d’information
- Barrabé L. 2013. Systématique et Evolution du genre Psychotria (Rubiaceae) en Nouvelle-Calédonie, thèse dirigée par Laurent Maggia, UNC
- Grandcolas P., Murienne J., Robillard T., Desutter-Grandcolas L., Jourdan H., Guilbert E., Deharveng L. 2008. New Caledonie: a very old Darwinian island ? Philosophical Transactions B. Volume, 363.1508.
- Gargominy O., et Bocquet A. 2013. Biodiversité d’Outre-mer. Editions Roger Le Guen et Comité français de l’UICN, Paris. 354p.
- Munzinger J., Morat Ph., Jaffré T., Gâteblé G., Pillon Y., Tronchet F., Veillon J.-M., & M. Chalopin. 2016. FLORICAL: Checklist of the vascular indigenous flora of New Caledonia. vers. 22.IV.2016. http://www.botanique.nc/herbier/florical
- Pillon Y. 2008. Biodiversité, origine et évolution des Cunoniaceae : implications pour la conservation de la flore de Nouvelle-Calédonie. Nouméa: Université de la Nouvelle-Calédonie.
- Isnard S, L’huillier L, Rigault F, Jaffré T. 2016. How did the ultramafic soils shape the flora of the New Caledonian hotspot? Plant and Soil, 403:53-76.
Recenser la flore calédonienne
La connaissance de ces espèces et de l’histoire évolutive de la flore de Nouvelle-Calédonie est fondamentale car elle nous permet de mieux comprendre et donc de mieux protéger l’incroyable richesse biologique de notre territoire.
L’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Muséum National d’Histoire Naturelle publient un inventaire complet qui répertorie les espèces végétales indigènes et endémiques de Nouvelle-Calédonie : c’est le référentiel FLORICAL.
L’Institut agronomique néo-calédonien (IAC) gère une base de données sur les espèces rares et menacées de la flore, en collaboration avec tous les partenaires impliqués sur ce thème : base de données Plantnet
Découvrir la flore calédonienne
L’association Endemia propose de découvrir toute l’étendue, la spécificité et la beauté de la flore indigène et endémique de Nouvelle-Calédonie, par l’intermédiaire de son site internet endemia.nc. Chacun peut enrichir la base de données du site en transmettant photos et informations sur les essences rencontrées en balade sur le caillou. Endemia s’intéresse également à la faune locale.